“Je n’ai pas eu de vrais déclics. J’ai grandi à Marseille, dans une grande ville, mais avec des parents peu consuméristes. Je passais (et passe toujours) beaucoup de temps dans la nature, sur les collines autour de Marseille. J’ai toujours eu à cœur de protéger ces havres de paix ! »
Eh oui, Zoë, c’est ça, une personne débordante d’énergie, d’aventure et d’eau fraîche ! Une aventurière qui a finalement pris place à bord du Plastic Odyssey, le navire laboratoire de l’ONG éponyme qui a pour mission de traverser les Océans et continents pour endiguer la pollution plastique.
Joli programme !
Hello, je suis Zoë et je suis responsable du programme de recherche chez Plastic Odyssey, une expédition qui lutte contre la pollution plastique.
Plastic Odyssey agit de deux manières face à l’urgence plastique :
L’expédition, sur laquelle je suis embarquée, va durer 3 années, sur les côtes africaines, sud-américaines et asiatiques.
L’objectif ? Documenter des solutions locales, les connecter entre elles et favoriser l’émergence de solutions concrètes face à la prolifération des plastiques !
À bord, je suis responsable du programme de recherche baptisé Déviations. J’ai monté un comité scientifique en sciences humaines et sociales pour répondre à cette problématique : Comment sortir de la civilisation plastique ? À chaque escale du navire, nous conduisons des interviews, collectons des données sur des objets récurrents. Nous analysons ensuite ces données pour produire des rapports d’enquête qui permettront de prioriser les usages de la matière plastique, et de proposer des solutions alternatives concrètes.
Pour mieux comprendre ce positionnement, parfois vu comme radical, j’ai coécrit cette tribune, publiée dans Le Monde. Il y a beaucoup de narratifs existants sur l’utilisation et la réutilisation du plastique. Chez Plastic Odyssey, on cherche à aller plus loin dans la démarche pour vivre sans.
Je n’ai pas eu de réels déclics. J’ai grandi à Marseille, dans une grande ville, mais avec des parents peu consuméristes. Je passais (et passe toujours) beaucoup de temps dans la nature, sur les collines autour de Marseille. J’ai toujours eu à cœur de protéger ces havres de paix ! Le reste, ça s’est plutôt fait au fil des rencontres.
D’abord, j’ai été entourée de personnes militantes pendant mon Erasmus en Écosse, en 3ᵉ année de DUT. Puis à mon retour en France, j’ai fait un master à l’IAE d’Aix-en-Provence et j’ai réalisé tous mes stages dans des structures de l’ESS (Tudigo en M1, une startup de financement participatif pour des projets à impacts, puis chez Castalie, en M2). En parallèle, je me suis engagé dans l’association CliMates, avec laquelle j’ai eu la chance de participer, en 2018, à la COP24 en Pologne, aux côtés de jeunes très engagé·es et déterminé·es.
« Toutes ces rencontres, variées et plurielles, m’ont donné envie de poursuivre mes études pour affiner ma compréhension des enjeux climatiques et sociétaux, et me sentir légitime à travailler dans ce secteur-là ».
J’ai donc (re)fait un master, que je conseille vivement, sur les liens entre la société et la biodiversité, au Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris.
L’enjeu prioritaire selon moi serait que l’on réalise collectivement notre dépendance à la matière plastique. Vous pouvez faire le calcul : depuis votre réveil, combien d’objets en plastique avez-vous touchés ? Probablement des dizaines. On touche plus de plastiques que de matières naturelles, ou de personnes. (ordinateur, téléphone, écouteur, brosse à dent, maquillage, emballages, vêtements… La liste est infinie).
Cette dépendance est dangereuse et superflue. Il faudrait, comme pour notre addiction aux énergies fossiles, tendre vers un monde post-plastique, plus sobre et moins matérialiste. La limite planétaire des “entités extérieures” produites, dont les plastiques et les déchets font parties, a été dépassée : nous ne sommes plus en mesure de savoir combien nous en avons produit et injecté dans l’environnement. Il y a urgence.
Selon CNET et le journal Science.org “Chaque minute, 17 tonnes de déchets plastiques sont déversées dans les océans. Soit 9 à 12 millions de tonnes chaque année. Selon l’ONU, si aucune mesure n’est prise, il y aura plus de déchets plastiques que de poissons dans les océans d'ici à 2050.”
Elles sont vraiment multiples, j’ai eu plusieurs casquettes et missions au fil des dernières années, et ce qui me définit le plus c’est peut-être d’être un couteau-suisse, et très adaptable.
J’ai oscillé entre des compétences plutôt stratégiques, avec la construction du programme de recherche et des méthodologies associées, et la création de partenariats. Et puis des compétences plus opérationnelles, comme l’organisation d’événements, la création de contenus scénographiques, pédagogiques ou communicationnels.
S’ajoute à ça, une compétence propre aux projets d’expédition : le savoir-vivre et le sens de la communauté. En effet, quand on passe plusieurs semaines à bord d’un navire, ses collègues deviennent ses colocs, il faut savoir déconnecter, rester calme, et s’amuser !
Ça fait maintenant deux ans que je monte ce programme de recherche et l’expédition vient tout juste de commencer. L’enjeu dans les mois à venir c’est donc de lui donner vie en analysant les données collectées et prenant du recul pour partager des premiers apprentissages.
Je suivais déjà depuis longtemps les aventures de Plastic Odyssey, et en 2019 j’ai envoyé un e-mail pour une candidature spontanée. J’ai d’abord été prise pour un stage, puis un service civique, et depuis 2020, je suis salariée.
C’était essentiel pour moi d’avoir un travail auquel je crois. Après 3 ans, je pense toujours que l’approche de Plastic Odyssey est pertinente (et heureusement !).
J’aime bien l’idée de modération, meden agan en grec, de discrétion, de ne pas être dans l’excès. Ce qui n’empêche pas la radicalité dans la prise de position et la fermeté. Ah et aussi, ne pas trop se prendre la tête. Rigoler et relativiser, même dans les moments les plus sombres.
J’en ai même deux !
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