Bonjour, c’est Claire l’éClair et… j’ai une devinette pour vous ! Quel est le lien entre la banque, l’agriculture, la transition écologique et l’École Supérieure des Agricultures (ESA) ? C’est la question à laquelle nous répondons tout au long de ce nouvel article rédigé en partenariat avec l’ESA et le Crédit Mutuel Anjou, grâce à une interview de Jean Babin, responsable du marché de l’agriculture au Crédit Mutuel Anjou, à l’occasion de la remise des diplômes 2023 de l'école.
J’ai toujours été passionnée par le sujet des compétences transversales, de l’orientation et de l’insertion professionnelle. Et lorsque j’ai compris que l'ESA formait aussi des banquiers, je me suis demandée quel était le rapport avec l’agriculture. J’avais l’impression que les métiers de l’agriculture étaient forcément concentrés autour des exploitations et des cultures, mais c’était oublier tous les emplois qui entourent la profession : les financeurs et les conseillers par exemple.
Pour former à ces métiers administratifs et accompagnants, l’ESA a développé plusieurs cursus comme la formation Agricadre. L’expertise des besoins "terrains" des agriculteurs associée à des compétences de gestion permet d’accompagner au mieux la réalité et la complexité du financement des projets agricoles, de l’installation au développement. Et lorsqu’on demande à Jean Babin, responsable du marché de l’agriculture au Crédit Mutuel Anjou, ce qu’il recherche chez les talents qui les rejoignent à la banque régionale, il répond :
“Ça peut paraître évident, mais je le rappelle quand même : en premier, de la motivation ! Ensuite, au-delà des compétences techniques, il faut savoir faire preuve d’une certaine autonomie dans le poste, d’une proximité avec nos agriculteurs, de la curiosité et une posture agile car tout bouge vite et il faut pouvoir s’adapter”.
Les banques ont un rôle fondamental : elles financent l’économie et donc la richesse présente et future d’un territoire. En allouant des financements à des projets, elles permettent à ces projets (et à leurs impacts) de se développer et d’exister. Ces impacts peuvent être positifs (création d’emplois, revitalisation de territoires…) comme négatifs (génération de gaz à effets de serre, destruction de la biodiversité, épuisement de ressources finies…).
Face aux défis de transition énergétique et écologique, les banques sont de plus en plus attendues par les institutions comme par les clients sur les critères de choix des projets financés. Parmi les indicateurs regardés, il y a notamment les émissions de gaz à effet de serre générées qui impactent le climat et la biodiversité. Les banques sont ainsi invitées à intensifier le financement de projets durables à différentes échelles (local, national, international), et à prendre la responsabilité de ne plus soutenir les projets à impact négatif (notamment d’énergies fossiles).
C’est dans ce cadre qu’à l’échelle du groupe, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale déploie une stratégie climat avec des cadres de financements selon des critères et des objectifs de réduction. Cette stratégie se matérialise dans des politiques sectorielles qui définissent les stratégies d’investissements. Également, ce sont 15% du résultat net du groupe qui seront alloués au financement de projets de transformation environnementale et solidaire. Cet ensemble de mesures se répercute concrètement à l’échelle du métier de Jean, plus spécifique à l’accompagnement du secteur agricole du local au national.
Pour les agriculteurs, ces directives permettent d’accéder à des aides ou des prêts à taux privilégiés pour les projets de bilan carbone, de certification, de labellisation, ou encore de démarche biodiversité ou bien-être animal. Et lorsqu’un nouveau formulaire de critères ESG (environnement, société et gouvernance) est mis en place auprès des conseillers qui accompagnent les clients, ça nécessite de la formation.
“Lorsqu’on a lancé cette nouvelle grille de lecture pour l’aide au financement, sur le terrain, ça a posé question. C’est normal d’avoir ce questionnement voire cette réticence au changement, c’est souvent le cas lorsqu’on innove dans un secteur historique. Au début, ça ajoute du travail pour les conseillers, et ça nécessite de faire de la pédagogie pour bien comprendre en quoi c’est nécessaire et non superflu. Au fur et à mesure, ça s’infuse chez toutes les parties prenantes : conseillers comme clients prennent le sujet en main.”
Si Jean nous précise que la banque n’est pas excluante et accompagne tout type de projet agricole, on réalise que la prise en compte des impacts sur le climat et la biodiversité devient partie intégrante de la manière de penser le rôle d’une banque agricole, à l’échelle locale comme nationale. En effet, le secteur agricole est à la fois porteur d’espoir grâce aux pratiques agroécologiques qui peuvent avoir un effet positif sur la biodiversité et la capture carbone, mais aussi pointé du doigt lorsqu’il encourage des pratiques intensives très émissives et négatives pour le vivant.
Alors face à la complexité de ce sujet à la fois financier, humain et écologique, force est de constater que la formation à ces enjeux devient indispensable, dans les écoles comme dans les entreprises ! Et ces dernières, avec les talents, ont un rôle à jouer, conclut Jean Babin :
“Nous avons lu dernièrement que 50 % des emplois dans le futur sont des métiers qui n’existent pas aujourd’hui. Nous sommes convaincus qu’ils vont assez naturellement inclure la dimension écologique et environnementale. Au travers du statut d’entreprise à missions, les entreprises s’engagent et engageront des salariés acquis à cette cause ! Alors le dernier conseil que je peux vous donner, c’est de venir voir ce qu’il se passe concrètement en interne.”
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