Damien, co-fondateur de l’association La Fresque des Nouveaux Récits

Comme le dit si bien le réalisateur et militant écologiste Cyril Dion, « Les religions sont des récits, les États sont des récits, [...] L’argent est un récit! Or, on a tendance à penser que ces récits sont la stricte réalité et donc à imaginer qu’ils sont immuables ». 

Face à ce constat de taille, ce n’est à rien d’autre que s’attèle désormais Damien dans sa nouvelle association !

À La Fresque des Nouveaux Récits, association dont il est cofondateur, Damien fait usage de sa patience et sa créativité pour aider le grand public et les entreprises à faire évoluer les histoires et croyances dominantes (ou “récits”) incompatibles avec la transition écologique et solidaire.

Salut Damien, peux-tu nous présenter ton métier et ton entreprise ?

En tant que premier salarié permanent, mon but est de développer l’association de La Fresque des Nouveaux Récits. Cela passe notamment par la gestion de la communauté des animateurs et animatrices. Je les aide à monter en compétences et leur confère les outils nécessaires au bon déroulé des ateliers. Inspiré du modèle de La Fresque du Climat, j’organise des ateliers collaboratifs de sensibilisation pour faire émerger un futur compatible avec les limites planétaires grâce à l'imagination de nouveaux récits ! 

 

Pour contribuer à la transition écologique et solidaire, on joue sur deux leviers : l’analyse des causes et la construction d’alternatives d’un côté, et le changement des perceptions de la réalité de l’autre.

À La Fresque, on anime des ateliers de trois heures :

1) Une partie pédagogique, basée sur des cartes. Faire prendre conscience aux gens de l’importance des récits dans notre société : Quels sont les récits dominants ? Quelles problématiques ils soulèvent ?

2) Une partie basée sur l’écriture. On cherche alors à mettre en mouvement ces nouveaux récits en donnant aux pionnier·es de la transition (ceux qui nous contactent et participent à nos ateliers) les moyens d’agir.

Je consacre 80% de mon temps à structurer l’association, et 20% que j’investis dans du bénévolat, dans des formations complémentaires, et pour compléter mes revenus. Je suis récemment passé sous le statut d'auto-entrepreneur qui m’apporte cette flexibilité. 

 

Ton parcours a fait l’objet d’un certain nombre de réorientations. Quel a été le déclic qui t’a poussé à quitter ton emploi actuel en faveur de La Fresque des Nouveaux Récits ?

Ça a été la combinaison de deux déclics différents. 

  • D’abord, je me suis rendu compte que mon métier dans un bureau d’études sur l’économie circulaire ne me plaisait plus : la créativité, un aspect important pour moi, manquait dans mon quotidien, et la faible marge de manœuvre face aux besoins des client·es ne me convenait plus.
  • Parallèlement, c’est la nature même de mon parcours, mené par ma recherche constante de sens, qui a confirmé que ni la casquette d’ingénieur, ni l’omniprésence des chiffres, ne me faisaient vibrer.

 

Et au niveau de ton secteur, quels sont les enjeux principaux ?

Même si le sujet des récits prend de l’ampleur, ça reste un secteur encore peu défini, mais je dirais que l’enjeu principal est celui de la mise en mouvement

Un concept chiffré qu’on aime utiliser à La Fresque est le point de bascule sociologique, qui estime que pour déclencher la transition, on a besoin d’un changement que d’une petite partie de la population, estimée entre 3 et 15% en fonction de différents facteurs comme la nature du changement, la taille de la population, etc. 

Il s’agit d’apporter les connaissances nécessaires à la mise en action chez de potentiel·les acteurs et actrices du changement.

Quelles sont les trois compétences les plus utiles pour exercer ton métier ?

Mon métier nécessite de l’empathie, à l’égard des animateurs et animatrices, afin de les accompagner et les guider quelque soit leurs besoins et/ou problématiques. Ça nécessite une certaine créativité

Je fais aussi usage de pédagogie, autant pour mon statut d’animateur que de commercial, notamment quand il s’agit d’aiguiller vers les bonnes informations. 

Enfin, je suis amené à être constamment curieux, pour trouver de l’inspiration pour animer les ateliers, et pour toujours être prêt à se remettre en question.

 

Quel serait ton challenge professionnel pour cette année ?

Trouver le bon équilibre entre le développement de l'association et une source de rémunération suffisante. Cela passe par l’organisation de nos ateliers “grand public” et notre licence d’utilisation, et permet de sensibiliser un maximum de personnes et avoir le plus d’impact. 

 

Quelles ont été les étapes pour que tu obtiennes ce travail ?

Ça a d’abord été le résultat de mon implication bénévole. J’ai assisté à La Fresque en tant que participant grand public, puis me suis formé en tant qu’animateur. Et lorsque le collectif, qui n’était pas encore une association à ce moment-là, a commencé à se questionner sur l’amélioration de la structure, je m’y suis de plus en plus impliqué.

 

Et puis, mon implication a corrélé avec la prise de conscience que mon job ne m’animait plus. Je voulais participer à des activités plus chargées de sens.

 

Peux-tu nous partager le meilleur conseil qu’on ne t’ait jamais donné ? Un qui puisse servir les autres ?

C’est un mix de conseils et reformulations personnelles, mais ce serait “toujours être la/le plus précis·e possible quand tu demandes quelque chose à quelqu’un”. Pour moi, c'est la base de la coopération : en clarifiant ton intention, tu peux provoquer un réel gain de temps pour ta/ton destinataire ! Cela vaut aussi quand on te demande quelque chose, n’hésite pas à demander de préciser ce que l’on attend de toi !

 

Enfin, pour cette dernière question de l’interview, peux-tu nous partager une ressource que tu recommandes? 

L’espace de liberté de Fertîles. C’est un jeu de cartes développé par une école de la coopération. Les cartes énumèrent un ensemble de règles qui définissent elles-mêmes un cadre permettant le partage et la confiance. Cela peut paraître assez simple à première vue, mais le jeu a le mérite de poser et de rendre visible des règles essentielles à la coopération, et ce, dans n’importe quel groupe.

Envie de poser d’autres questions à Damien sur son métier ? Écrivez-lui ici !

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