Mon plan était très flou ! J’ai fait une licence LEA (Langues Étrangères Appliquées) car j’avais toujours été bonne en langues, que j’aimais voyager et que ça me permettait de ne pas trop me fermer de voies. Je m’imaginais peut-être professeure de français à l’étranger ou traductrice mais ça n’était pas du tout défini.
En troisième année nous pouvions choisir entre rester dans le cursus « classique » ou prendre une option commerce international ou management de projets touristiques. J’ai toujours voulu voyager, aimé découvrir d’autres cultures, m’interroger sur le monde donc je me suis orientée vers la L3 tourisme. Dès que j’ai commencé à faire des recherches sur le secteur j’ai compris que le tourisme pouvait être tout aussi destructeur que bénéfique pour un territoire, tout dépendait de la politique que l’on mettait en place. J’avais déjà une conscience écologique très forte depuis quelques années et il semblait impossible pour moi de travailler dans le tourisme sans y lier les problématiques écologiques. C’est pourquoi en master je me suis orientée vers un master à l’ESTHUA d’Angers avec une option développement durable du tourisme.
J'ai également eu plusieurs expériences professionnelles pendant mes études : des stages en France dans le Jura, en Dordogne et en Ardèche. J'ai travaillé avec des élus locaux, des communautés de communes, des offices de tourisme, des campings… Ces expériences et ces rencontres m'ont permis de prendre conscience du maillage territorial français et de la difficulté à faire avancer des projets. J'ai aussi eu la chance d'avoir des expériences à l’étranger : en Suède pour un festival d’art et de yoga, puis au Pérou dans des auberges de jeunesses. C’est dans ces voyages que j'ai mis la transition écologique en perspective, en découvrant d’autres manières de vivre et d’appréhender le vivant.
En licence 3 je me souviens avoir découvert « L’Arbre aux étoiles » qui est un éco-lieu en Normandie et avoir été fascinée par leur démarche complète de respect du vivant mais surtout de transmission. Pour moi cela a vraiment un déclic et m’a montré le chemin sur la manière d’associer tourisme et environnement. C’est en transmettant, en montrant l’exemple et en explorant de nouvelles manières de consommer, de créer du lieu, de se questionner que les professionnels vont réussir à amener de la résilience au sein du secteur touristique.
L’Organisation Mondiale du Tourisme définit le tourisme durable comme « un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil ». Il s’agit d’un secteur en plein essor, à la fois en France et dans le monde. La demande grandit pour des séjours plus écologiques, tournés vers la nature, et souvent dans le cadre d’un tourisme de « proximité ». On y va en train, ou en voiture, et pas en avion !
Je suis chargée de développement durable et RSO chez Anjou Tourisme. La RSO c’est la responsabilité sociale des organisations. C’est l’équivalent de la RSE (pour les entreprises), mais au niveau des associations et des collectivités territoriales. Il s’agit de la contribution volontaire des organisations au développement durable.
Ma journée type peut être très variable. Parfois je peux être sur le terrain, à la rencontre de prestataires pour lesquels j’établis un diagnostic de leur engagement écologique et leur propose un plan d’actions. J’essaie de lever leur freins, de les conseiller sur des mesures à mettre en place, etc. Je participe également à des groupes de travail au sein des collectivités, par exemple celles qui ont mis en place la démarche Cit’érgie.
D’autres journées, je vais rester au bureau. Le gros travail actuel est d’intégrer le développement durable au schéma de développement départemental du tourisme qui pour le moment n’était pas du tout traité au sein d’Anjou tourisme. Donc je travaille avec la direction et mes collègues pour créer un plan d’actions. Nous nous appuyons sur les objectifs du développement durable du l’ONU via la démarche Passeport vert notamment. Je fais bien entendu de la veille sur le secteur pour connaître l’évolution de la législation, les bonnes pratiques…
Certaines compétences acquises à l’école et dans mes expériences professionnelles sont très importantes aujourd’hui. Par exemple, mon travail sur l’étiquette environnementale est l’expérience qui m’est le plus utile aujourd’hui. Cela me permet réellement d’avoir un regard global sur l’impact environnemental d’un prestataire mais globalement ce qui pèse le plus dans la balance sont les connaissances que j’ai acquis sur le développement durable au fil des années par intérêt personnel. Je suis toujours à l’affut de nouvelles initiatives, je m’instruis sur les différents courants de pensées écologiques, j’écoute aussi les opposants etc. Je pense que c’est vraiment ce qui fait de moi une bonne professionnelle aujourd’hui. Une chargée de développement durable et RSO a besoin d’une capacité d’organisation et de compétences analytiques, qui sont centrales dans la gestion de projets !
Je vous recommande « On ne sauvera pas le monde avec des pailles en bambou. Sortir des illusions écologiques, rebrancher ses rêves et passer à l’action » par Anaelle Sorignet, de suivre Guillaume Cromer spécialisé dans le tourisme durable, le hors-série du magazine Kaizen « En quête de sens », le film Captain Fantastic et le documentaire Demain !
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